Nov 19

Qui sont les FARC?

En Colombie, la politique a une place d’importance. Actuellement le pays est concerné par la guerre, la corruption, les écoutes téléphoniques, ou encore la lutte contre la pauvreté et l’éducation plus juste pour tous. On a tous entendu parler des FARC, mais qui sont-ils, où sont-ils, et que font-ils?

Des FARC
Des FARC

Politique colombienne

 

La Colombie connaît la démocratie la plus durable d’Amérique latine. Contrairement à ses voisins, elle n’a pas connu de dictateurs de pacotille. Cependant, la fragilité de l’État et son incapacité à gouverner de grandes parties du pays a abouti sur la naissance des paramilitaires d’extrême droite AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) et des guérillas communistes telles que FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et ELN (Armée de Libération Nationale).

Les FARC sont le groupe terroriste le plus ancien d’Amérique latine, sa guerre contre l’Etat colombien dure depuis plus d’un demi-siècle. Les paramilitaires, eux, se sont formés en tant que milice d’auto-défense à l’époque où le gouvernement était incapable de protéger ses citoyens ou leurs terres.

 

Les FARC

 

Depuis les années 1940, la Colombie était plongée dans une guerre civile entre Parti Conservateur et Libéral. La guerre avait été si cruelle que cette période fut appelée « la Violencia», la violence. Les paysans étant identifiés comme libéraux étaient massacrés par les partisans conservateurs et vice versa.

Les FARC sont nées spontanément de la réaction des paysans qui cherchaient à se protéger contre cette violence et à éviter la confiscation de leurs terres par les propriétaires libéraux ou conservateurs. Les deux partis sont parvenus à s’entendre pour partager le pouvoir et mettre un terme à la guerre civile, mais les FARC étaient exclues de cet accord. Pendant la guerre froide, dès 1945, le mouvement cessa d’être une organisation rurale et défensive, et devint une guérilla communiste et stalinienne ayant pour but la conquête du pouvoir.

Une femme chez les FARC
Une femme chez les FARC

Dans les années 1980 le gouvernement colombien tenta de mettre un terme aux hostilités. Mais, avec la montée du trafic de drogue, les FARC avaient trouvé une source de financement leur permettant de se développer rapidement, et l’accord de paix échoua. A leur apogée, les FARC amassaient plus d’un milliard de dollars par an grâce à la drogue. L’armée du gouvernement manquait de moyens matériels et humains pour faire face. Leur conquête militaire de territoires est également financée par les enlèvements contre rançon.

Pour protéger leur territoire et leurs champs de coca, les rebelles ont enterré des milliers de mines antipersonnel dans des zones fréquentées par des civils. Depuis 1990, les mines ont fait plus de 10 000 victimes en Colombie, ce qui en fait le deuxième pays qui en compte le plus au monde, juste derrière l’Afghanistan.

La plus grande partie des habitants des régions où se sont établies les FARC sont partis. La Colombie compte 5,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, et 380 000 réfugiés qui ont fui le pays. C’est le pays qui a le plus grand nombre de déplacés au monde. En cinquante-cinq ans, le conflit interne a fait 220 000 morts.

 

Qui est Ingrid Betancourt ?

 

Ingrid Betancourt était candidate aux élections présidentielles en Colombie en 2001. Elle est Franco-colombienne. Son parti Oxígeno Verde (Oxygène Vert) était une organisation politique qui réunissait un groupe de citoyens luttant contre la corruption politique qui paralysait la Colombie depuis plusieurs années. Ingrid souhaitait trouver une alternative écologique et un engagement pour la paix, elle soutenait une réforme sociale. Le but d’Oxígeno Verde était d’établir un dialogue simultané entre tous les acteurs du conflit. Lors des différentes rencontres, Ingrid avait réclamé des FARC un comportement cohérent avec leur discours de paix, les FARC se proclamant défenseurs des Droits de l’Homme.

Ingrid Betancourt lors de sa captivité
Ingrid Betancourt lors de sa captivité

Elle a été enlevée par les FARC chez qui elle est restée du 23 février 2002 au 2 juillet 2008 soit 6 ans et demi. Elle a bénéficié d’un immense soutien de la France. Le 2 juillet 2008, c’est grâce à un officier de renseignement de l’armée de terre colombienne qui fut le commandant d’une fausse opération humanitaire que les otages de captivité ont pu sortir.

J’ai lu son livre « Même le silence a une fin », j’ai vraiment été bluffée par cette femme, son courage.

 

Et aujourd’hui?

 

Aujourd’hui, les zones de présence des FARC sont considérablement réduites. Il reste par exemple la région de Caqueta au sud, ou encore celle du Cauca vers la ville de Cali à l’Ouest. Beaucoup se trouvent aux frontières de manière à faire passer la drogue plus facilement.

Les FARC, qui comptent encore 8 000 combattants selon les autorités, ont abordé plusieurs points sensibles avec le gouvernement lors de pourparlers le 5 novembre 2012 à Cuba, comme la nécessité d’une réforme rurale, le trafic de drogue, l’abandon des armes, mais aussi la participation de la guérilla à la vie politique et la réparation pour les victimes. La perception des victimes du conflit est loin de faire l’unanimité. Pour les FARC, les guérilleros font partie des victimes, alors que l’opinion colombienne et internationale les considère plutôt comme responsables de la prolongation des violences. La question la plus délicate est celle du sort des chefs des FARC compromis dans des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, imprescriptibles.

Tous les jours, l’armée se rend sur les zones de présence des FARC pour sécuriser la zone et chercher et désamorcer les mines antipersonnel. Les mines retardent la progression de l’armée, d’où la lenteur des progrès dans certaines zones.

La Colombie souffre de clichés
La Colombie souffre de clichés

Le touriste n’est pas particulièrement visé par les enlèvements même si prudence est de rigueur lorsqu’un visiteur traverse une zone où sont présents les FARC. Il est facile d’éviter les problèmes liés à une éventuelle rencontre en se renseignant. Par ailleurs les FARC ont arrêté les enlèvements contre rançons depuis février 2012.

Malgré les critiques légitimes de son peuple, les décisions prises dans la Casa de Nariño (le palais présidentiel) ont permis à ce que, depuis les deux dernières décennies, la Colombie soit devenue l’une des économies les plus dynamiques au monde.

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